Rio, mon amour
C'était de bonne heure du matin à la plage de Copacabana, environ neuf heures. Une brume légère se pend doucement peu de mètres au-dessus de l'océan, les cries des mouettes dans les oreilles de la touriste étrangère qui enlève son chemisier blanc et sa culotte noire pour révèler un bikini noir en-dessous. Elle porte un chapeau de paille à large bord sur la tête, ce qu'on pourrait porter en faisant du jardinage.
Brunette, des trentaines, la touriste est encore belle, svelte, à taille moyenne. Elle est au cou long et élégant, à la figure rectangulaire et finement cisilée aux fossettes dans les joues, aux traits classiques comme ceux d'une statue au musée, ou d'une vedette. Aux yeux de noiselle, aux sourcils arqués, son sourire est ironique, intelligent. Elle s'est habituée des regards de ceux qui reste bête de sa grande beauté, sans doute.
Elle est la mère à deux petits enfants, mais toute seule présentement, son mari et ses enfants, endormis encore à leur hôtel, le Palais de Copacabana. Alors, à cause de quoi inexplicable à l'intérieure d'elle, voilà elle, en étant debout au sable blanc, les yeux fermés, les bras étendus comme la statue de Christ à Corcovado, en étant debout quelques minutes comme cela. Elle sent la brume de matin descendre sur sa figure comme une masque légère. Elle sourit, satisfaite, les yeux toujours fermés, puis elle s'assied dans la blanche chaise plastique qu'elle a apportée du hôtel.
Elle commence à lire, L'Insoutenable légèreté de l'être par Milan Kundera, mais elle s'endort bientôt dans la chaise, le livre, toujours aux genoux. Elle a les yeux dans la graisse des binnes, hier soir une d'entre quelques nuits blanches à Rio, elle, ayant des insomnies de tempe en temps.
Pendant que la touriste dort, un inconnu l'approche, en panama gris, en T-shirt jaune avec Brasil en lettres vertes à travers la poitrine. Il sourit d'elle et la salue en portugais : « Tudo bem, senhora ? »
La touriste se réveille, effrayée d'abord, puis elle se rend compte que l'inconnu ne dit que bonjour. Il sourit toujours et se présente :
— Je m'appelle José, dit-il.
— Chantal, répond la touriste. Je m'appelle Chantal...
Il a certaine allure pour elle. Elle est quelque peu désconcertée, mais elle sourit de retour, dit bonjour et lui demande de s'asseoir.
Tandis qu'il n'y a pas d'autre chaise, l'inconnu s'assied au sable, qui n'a pas encore chaud, le soleil ne pas en haut du horizon encore. En voyant le livre sur les genoux, l'inconnu sourit d'elle à nouveau et demande :
— Vous êtes française, senhora ?
Elle secoue la tête :
— Non, répond-elle, je suis du Québec, de Montréal...
Ils se parlent en anglais, tout à l'aise d'un autre. Ils cliquent vraiment, en parlant de n'importe quoi. Elle embarque l'inconnu beaucoup, mais le sentiment est récriproque : ils ont les atomes crochus.
Différent de la femme, qui est à la peau blanche, quelque peu pâle, aux yeux de noiselle, l'inconnu est à la peau marronne, comme les Maures de l'Afrique du nord. Mais elle enrougit autant, tout désconcertée toujours. C'est les yeux de l'inconnu qui l'embarque, les yeux verts, couleur de la mer. Elle va se souvenir toujours des yeux, pense-t-elle.
Ils se chantent la pomme, ils se font des beaux yeux. Elle a déjà admis à être mariée, mais il s'en fout. Elle s'en fout aussi : en parlant des hivers de sa province native, elle dit :
— Il fait bien froid les hivers au Québec. Mais sois tranquille : je te rechaufferais...
Puis elle avoue :
— Je ne suis pas une femme qui est ignorée par son mari, tu sais. Mon mari et moi, on a fait amour hier soir, c'était épouvantable...
Mais l'inconnu répond :
— Je voudrais vous baiser comme un animal.
La touriste est bien choquée, elle ne s'en revient pas ! Puis elle attrape le fou rire au dépens de l'inconnu, qui est bien confus. Elle rit tant que les autres à la plage les regardent. Il se lève, presque sur le point de s'en fuir. L'inconnu fait avec hãte ses excuses :
— Mille fois pardons, senhora. Je n'ai pas voulu vous offenser...
Mais la touriste, en riant toujours, lui demande de se rasseoir :
— T'es bien le fonne, dit-elle. Je t'aime beaucoup...
Le touriste rit encore, mais son rire est agréable présentement, sans méchanceté. Son rire s'étend de son torse partout, comme un éventail qui s'ouvre dans la main de coquette. La peau de sa figure, de sa poitrine, c'est couleur de rose présentement.
Il aime bien sa peau pâle, couleur de rose à cette heure. Mais les seins ronds, il parait qu'elle les offre à lui, qui est debout au sable devent elle présentement, la manière qu'elle assied dans la chaise vers lui. Et est elle très belle, magnifique.
L'inconnu se rassied devant la femme au sable, qui a plus chaud présentement à cause du soleil, plus haut aux cieux présentement. Ils se parlent plus, puis elle se lève. Il se lève aussi, de politesse, en pensant d'elle en cours à retourner à son hôtel.
Mais il a tort : elle court subitement vers l'océan, où elle saute la tête la première dans l'eau, en nageant parmi les vagues jusqu'à ce que le bas de son maillot de bain tombe aux cuisses. Elle s'assied vite dans l'eau en riant d'embarras pour remettre le bas.
— Viens-toi, crie-t-elle, en asseyant dans l'eau en haut au cou. C'est bien le fonne...
Quelque peu gêné, l'inconnu enlève ses souliers et son portefeuille, puis il saute la tête la première dans l'eau aussi, mais complètement vêtu.
Ils nagent ensemble quelques minutes, comme deux loutres marines, mais elle l'éclabousse de l'eau avec espièglerie chaque fois qu'il l'approche. Il l'éclabousse de retour donc.
Alors, après que le bas de son bikini est retombé, elle le permet à l'attraper. En haut à la poitrine dans l'eau, le bas de bikini en main, elle met les bras autour de son cou pour l'embrasser. Mais elle se détache subitement le moment qu'elle sent la main baladeuse aux foufounes nues — l'allumeuse ! — en nageant loin pour remettre le bas avant qu'ils nagent vers la côte. Quelle fausse modésté !
A la plage de retour, la touriste remet son chemisier et sa culotte, en mettant la main sur l'épaule de l'inconnu pour se soutenir pendant qu'elle tire la culotte en haut.
— Les chevilles me sont faibles, dit-elle flirteusement.
Ils promènent au hôtel de retour, la femme, d'un air satisfait.
A l'entrée du hôtel, il la rappelle :
— Je suis chauffeur de taxi, senhora. J'ai conduit autour du bloc peu de fois...
Elle l'embrasse doucement sur les lèvres, puis elle le touche de l'index sur le nez.
— Je voudrais faire des courses, murmure-t-elle, mais j'ai besoin d'un taxi...
Elle l'embrasse à nouveau, elle la touche de la lingue son nez, puis elle prend seule l'ascenseur de hôtel à sa suite. Le chauffeur de taxi espère la touriste à l'entrée. Lorsqu'elle réapparaît, elle porte une robe blanche au motif de petites fleurs bleues, un panama sur la tête à cette heure. Elle est mignonne, pense-t-il. Le chauffeur de taxi la pense être très jolie, la plus magnifique dans le monde. Il s'est retombé tout amoureux d'elle.
Ils passent l'après-midi ensemble comme cela aux échoppes et aux kiosks d'un marché au centre-ville de Rio, où quelques bâtises ont deux ou trois siècles, conduites à la plupart de granit. Cependant, l'architecture des bâtises évoque pour la femme la Côte-Azure à la Méditerrannée pendant le siècle XIXe.
Il y a des allées et des rues de ville tellement étroites qu'on ne pourrait pas passer d'une voiture. C'est le tiers monde, s'aperçoit-elle, les marchands et les acheteurs Noirs à la plupart, comme ceux au Haïti ou à l'Afrique sous le Sahel.
Alors, une femme qui vend du riz, des haricots et des morceaux de poulet appelle le chauffeur de taxi. Elle est Noire, d'un certain âge, grande et bien en chair, aux seins énormes. Elle est baiana, de l'état brésilien de Bahia, à la robe rouge avec la jupe longue et flottante de sa region native, au turban rouge.
La touriste pense d'elle être magnifique à voir : elle ne peut pas arrêter regarder fixement la femme. C'est la manière royale de la femme, le visage, beau, au sourire béatifique, aux fossettes qui la fait sembler séreine. Elle est une reine africaine, cette femme.
La femme de marché est amicale, agréable, mais elle ne parle que le Portugais : la touriste a besoin donc d'un intérprêt. Avec l'aide du chauffeur de taxi, la touriste demande un plat de riz et de haricots, sans le poulet, elle, une végétalienne, puis elle paie le plat.
Alors, le chauffeur de taxi présente la femme de marché : elle est sa mère. La femme de marché caresse tendrement la touriste sur la joue de la main droite, puis elles s'embrassent sur chaque joue. Elles sont amies.
Avant que son fils et la touriste s'en vont, la femme dit à la touriste :
— Tenha senhora cuidade. Prend soin, madame.
Puis elle dit à son fils en l'embrassant deux fois sur les lèvres :
— Tem cuidade, o meu filho... Prend-soin, mon fils.
La touriste est la seule qui ne parle pas le portugais, la seule qui est Blanche. Les autres, ils sont a la plupart Noirs, des femmes à la plupart, le chauffeur de taxi marron, probablement un mélange de plusieurs races : Européen, Africain, aboriginal — un carioca, ce qui les habitants de Rio s'appellent. Mais les voix étrangères des gens, le langage étranger qu'ils y parlent ! Les femmes de marché ont certaine confiance à soi, en souriant toujours, mais les hommes et les garçons essaient de montrer un air de menace. Même le chauffeur de taxi n'est pas complètement à l'aise. Cependant, la touriste fait son aise au marché, peut-être, au chagrin du chauffeur de taxi.
Ils promènent au centre-ville de Rio, bras tendu bras. Des fois, ils s'embrassent dans les portes — c'est romantique, n'est-ce pas ? Mais le centre-ville de Rio de Janeiro n'est pas toujours romantique pourtant : il y a des mendiants partout : dans les parcs sous les jacarandas aux fleurs bleues, dans les allées étroites arrière des restaurants, aux coins des rues de villes — partout. Aussi, il y a plusieurs meurtres chaque année à Rio de Janeiro ; c'est une ville dangereuse.
Les mendiants sont sans domicile, sans abri, quelques entr'eux des prostituées, des alcooliques, adonnés aux drogues illégales, séropositifs ou atteints du SIDA. Les serveurs et les serveuses des restaurants, ceux qui dépendent des pourboires, ils ne les aiment pas bien, parce qu'ils font partir des clients, à ce qu'ils voient. Ça se peut, ils pourraient être sans domicile aussi, forcés à mendier ou à se prostituer pour survivre.
Mais la touriste est visablement émue par la détresse du monde ici. Alors, dans un parc, une mère avec bébé qui fait ses premiers pas les approchent. Elle fait dure, la mère, aux bras maigres, à la tête énorme, en ressemblant à une grand-mère qui est peut-être malade, les coins de la bouche crayeux.
Polimment, elle demande de l'argent. Puis elle dit en voix basse les mots terribles : Le SIDA.
La touriste vide sa sac à main de tout son argent pour le donner à la femme et à l'enfant. Le chauffeur de taxi fait même de son portefeuille, mais ce n'est que peu de l'argent, à cause de l'inflation à quatre milles pour cent au mois au Brésil du temps.
Ils auront faim demain ou le lendemain, la femme et son bébé. Ils auront faim jusqu'à ce qu'ils mourront du SIDA. Ils mourront dans les rues sans que personne les veuille, eux, peut-être, mis à la porte par leur famille.
A ce moment, à ce bref moment, ils sont âmes sœurs. Ils sont partenaires dans un acte de bonté, unis dans un acte de bienveillance vers deux personnes qu'ils ne reverront jamais. A ce moment, leur amour est envers deux inconnus, une femme et son enfant, aussi bien que pour un autre. Ils se sentent plus intimes, à cause de sentiment noble.
Puis la touriste donne à la femme une étreinte et donne au bébé un bec sur la joue.
Le chauffeur de taxi, il aime la touriste surtout, à cause de ce beau geste spontané.
Après de s'en aller de la femme et de l'enfant, ils se font des beaux yeux. Ils s'embrassent. Il faut le faire donc. Ils se dépêchent à un motel de lune de miel au centre-ville, où ils commencent à se foutre vite à poil, en s'embrassant en même temps.
Alors, elle est debout au milieu de la chambre, dans son bikini noir, les bras étendus comme la statue de Christ à Corcovado. Les yeux fermés, elle sourit et dit :
— Veuillez m'enlever les restants des vêtiments, monsieur...
Le chauffeur de taxi s'approche d'elle à pas de loup, elle, les yeux toujours fermés, avant d'enlever le bikini noir, qu'il laisse tomber au plancher. Mais elle n'ouvre jamais les yeux, pas une fois.
Il fait son aise avec elle. D'arrière elle, il se met à faire amour avec elle, en embrassant les épaules et le cou, en serrent doucement les seins. Elle gémit de plaisir, puis elle se retourne dans ses bras pour le toucher sur le nez, pour lui laisser un chemin de patines en haut et en bas de son torse. Il découvre qu'elle sait embrasser très bien, un amant, un enfant, ça ne fait rien. Aux genous, elle lui fait le pompier. Elle fait son aise avec lui aussi.
Le chauffeur de taxi, ça se peut, il va se souvenir toujours du petit tattouge de papillon en encre bleue, rouge et jaune en haut des poils pubiques de la femme pendant qu'il lui mange la chatte. Elle est comme uma mariposa, destinée à s'en voler comme une papillon, toujours hors de portée.
Le moment qu'il la pénètre, pourtant, elle se rend compte d'eux ne pas avoir de la protection : ils n'ont pas même une capote anglaise.
Elle se capote brèvement, puis elle se rend à lui à nouveau. C'est égal : il faut le faire.
Puis elle pousse un cris en haut vers le plafond de la chambre.
Il faut le faire...
Brunette, des trentaines, la touriste est encore belle, svelte, à taille moyenne. Elle est au cou long et élégant, à la figure rectangulaire et finement cisilée aux fossettes dans les joues, aux traits classiques comme ceux d'une statue au musée, ou d'une vedette. Aux yeux de noiselle, aux sourcils arqués, son sourire est ironique, intelligent. Elle s'est habituée des regards de ceux qui reste bête de sa grande beauté, sans doute.
Elle est la mère à deux petits enfants, mais toute seule présentement, son mari et ses enfants, endormis encore à leur hôtel, le Palais de Copacabana. Alors, à cause de quoi inexplicable à l'intérieure d'elle, voilà elle, en étant debout au sable blanc, les yeux fermés, les bras étendus comme la statue de Christ à Corcovado, en étant debout quelques minutes comme cela. Elle sent la brume de matin descendre sur sa figure comme une masque légère. Elle sourit, satisfaite, les yeux toujours fermés, puis elle s'assied dans la blanche chaise plastique qu'elle a apportée du hôtel.
Elle commence à lire, L'Insoutenable légèreté de l'être par Milan Kundera, mais elle s'endort bientôt dans la chaise, le livre, toujours aux genoux. Elle a les yeux dans la graisse des binnes, hier soir une d'entre quelques nuits blanches à Rio, elle, ayant des insomnies de tempe en temps.
Pendant que la touriste dort, un inconnu l'approche, en panama gris, en T-shirt jaune avec Brasil en lettres vertes à travers la poitrine. Il sourit d'elle et la salue en portugais : « Tudo bem, senhora ? »
La touriste se réveille, effrayée d'abord, puis elle se rend compte que l'inconnu ne dit que bonjour. Il sourit toujours et se présente :
— Je m'appelle José, dit-il.
— Chantal, répond la touriste. Je m'appelle Chantal...
Il a certaine allure pour elle. Elle est quelque peu désconcertée, mais elle sourit de retour, dit bonjour et lui demande de s'asseoir.
Tandis qu'il n'y a pas d'autre chaise, l'inconnu s'assied au sable, qui n'a pas encore chaud, le soleil ne pas en haut du horizon encore. En voyant le livre sur les genoux, l'inconnu sourit d'elle à nouveau et demande :
— Vous êtes française, senhora ?
Elle secoue la tête :
— Non, répond-elle, je suis du Québec, de Montréal...
Ils se parlent en anglais, tout à l'aise d'un autre. Ils cliquent vraiment, en parlant de n'importe quoi. Elle embarque l'inconnu beaucoup, mais le sentiment est récriproque : ils ont les atomes crochus.
Différent de la femme, qui est à la peau blanche, quelque peu pâle, aux yeux de noiselle, l'inconnu est à la peau marronne, comme les Maures de l'Afrique du nord. Mais elle enrougit autant, tout désconcertée toujours. C'est les yeux de l'inconnu qui l'embarque, les yeux verts, couleur de la mer. Elle va se souvenir toujours des yeux, pense-t-elle.
Ils se chantent la pomme, ils se font des beaux yeux. Elle a déjà admis à être mariée, mais il s'en fout. Elle s'en fout aussi : en parlant des hivers de sa province native, elle dit :
— Il fait bien froid les hivers au Québec. Mais sois tranquille : je te rechaufferais...
Puis elle avoue :
— Je ne suis pas une femme qui est ignorée par son mari, tu sais. Mon mari et moi, on a fait amour hier soir, c'était épouvantable...
Mais l'inconnu répond :
— Je voudrais vous baiser comme un animal.
La touriste est bien choquée, elle ne s'en revient pas ! Puis elle attrape le fou rire au dépens de l'inconnu, qui est bien confus. Elle rit tant que les autres à la plage les regardent. Il se lève, presque sur le point de s'en fuir. L'inconnu fait avec hãte ses excuses :
— Mille fois pardons, senhora. Je n'ai pas voulu vous offenser...
Mais la touriste, en riant toujours, lui demande de se rasseoir :
— T'es bien le fonne, dit-elle. Je t'aime beaucoup...
Le touriste rit encore, mais son rire est agréable présentement, sans méchanceté. Son rire s'étend de son torse partout, comme un éventail qui s'ouvre dans la main de coquette. La peau de sa figure, de sa poitrine, c'est couleur de rose présentement.
Il aime bien sa peau pâle, couleur de rose à cette heure. Mais les seins ronds, il parait qu'elle les offre à lui, qui est debout au sable devent elle présentement, la manière qu'elle assied dans la chaise vers lui. Et est elle très belle, magnifique.
L'inconnu se rassied devant la femme au sable, qui a plus chaud présentement à cause du soleil, plus haut aux cieux présentement. Ils se parlent plus, puis elle se lève. Il se lève aussi, de politesse, en pensant d'elle en cours à retourner à son hôtel.
Mais il a tort : elle court subitement vers l'océan, où elle saute la tête la première dans l'eau, en nageant parmi les vagues jusqu'à ce que le bas de son maillot de bain tombe aux cuisses. Elle s'assied vite dans l'eau en riant d'embarras pour remettre le bas.
— Viens-toi, crie-t-elle, en asseyant dans l'eau en haut au cou. C'est bien le fonne...
Quelque peu gêné, l'inconnu enlève ses souliers et son portefeuille, puis il saute la tête la première dans l'eau aussi, mais complètement vêtu.
Ils nagent ensemble quelques minutes, comme deux loutres marines, mais elle l'éclabousse de l'eau avec espièglerie chaque fois qu'il l'approche. Il l'éclabousse de retour donc.
Alors, après que le bas de son bikini est retombé, elle le permet à l'attraper. En haut à la poitrine dans l'eau, le bas de bikini en main, elle met les bras autour de son cou pour l'embrasser. Mais elle se détache subitement le moment qu'elle sent la main baladeuse aux foufounes nues — l'allumeuse ! — en nageant loin pour remettre le bas avant qu'ils nagent vers la côte. Quelle fausse modésté !
A la plage de retour, la touriste remet son chemisier et sa culotte, en mettant la main sur l'épaule de l'inconnu pour se soutenir pendant qu'elle tire la culotte en haut.
— Les chevilles me sont faibles, dit-elle flirteusement.
Ils promènent au hôtel de retour, la femme, d'un air satisfait.
A l'entrée du hôtel, il la rappelle :
— Je suis chauffeur de taxi, senhora. J'ai conduit autour du bloc peu de fois...
Elle l'embrasse doucement sur les lèvres, puis elle le touche de l'index sur le nez.
— Je voudrais faire des courses, murmure-t-elle, mais j'ai besoin d'un taxi...
Elle l'embrasse à nouveau, elle la touche de la lingue son nez, puis elle prend seule l'ascenseur de hôtel à sa suite. Le chauffeur de taxi espère la touriste à l'entrée. Lorsqu'elle réapparaît, elle porte une robe blanche au motif de petites fleurs bleues, un panama sur la tête à cette heure. Elle est mignonne, pense-t-il. Le chauffeur de taxi la pense être très jolie, la plus magnifique dans le monde. Il s'est retombé tout amoureux d'elle.
Ils passent l'après-midi ensemble comme cela aux échoppes et aux kiosks d'un marché au centre-ville de Rio, où quelques bâtises ont deux ou trois siècles, conduites à la plupart de granit. Cependant, l'architecture des bâtises évoque pour la femme la Côte-Azure à la Méditerrannée pendant le siècle XIXe.
Il y a des allées et des rues de ville tellement étroites qu'on ne pourrait pas passer d'une voiture. C'est le tiers monde, s'aperçoit-elle, les marchands et les acheteurs Noirs à la plupart, comme ceux au Haïti ou à l'Afrique sous le Sahel.
Alors, une femme qui vend du riz, des haricots et des morceaux de poulet appelle le chauffeur de taxi. Elle est Noire, d'un certain âge, grande et bien en chair, aux seins énormes. Elle est baiana, de l'état brésilien de Bahia, à la robe rouge avec la jupe longue et flottante de sa region native, au turban rouge.
La touriste pense d'elle être magnifique à voir : elle ne peut pas arrêter regarder fixement la femme. C'est la manière royale de la femme, le visage, beau, au sourire béatifique, aux fossettes qui la fait sembler séreine. Elle est une reine africaine, cette femme.
La femme de marché est amicale, agréable, mais elle ne parle que le Portugais : la touriste a besoin donc d'un intérprêt. Avec l'aide du chauffeur de taxi, la touriste demande un plat de riz et de haricots, sans le poulet, elle, une végétalienne, puis elle paie le plat.
Alors, le chauffeur de taxi présente la femme de marché : elle est sa mère. La femme de marché caresse tendrement la touriste sur la joue de la main droite, puis elles s'embrassent sur chaque joue. Elles sont amies.
Avant que son fils et la touriste s'en vont, la femme dit à la touriste :
— Tenha senhora cuidade. Prend soin, madame.
Puis elle dit à son fils en l'embrassant deux fois sur les lèvres :
— Tem cuidade, o meu filho... Prend-soin, mon fils.
La touriste est la seule qui ne parle pas le portugais, la seule qui est Blanche. Les autres, ils sont a la plupart Noirs, des femmes à la plupart, le chauffeur de taxi marron, probablement un mélange de plusieurs races : Européen, Africain, aboriginal — un carioca, ce qui les habitants de Rio s'appellent. Mais les voix étrangères des gens, le langage étranger qu'ils y parlent ! Les femmes de marché ont certaine confiance à soi, en souriant toujours, mais les hommes et les garçons essaient de montrer un air de menace. Même le chauffeur de taxi n'est pas complètement à l'aise. Cependant, la touriste fait son aise au marché, peut-être, au chagrin du chauffeur de taxi.
Ils promènent au centre-ville de Rio, bras tendu bras. Des fois, ils s'embrassent dans les portes — c'est romantique, n'est-ce pas ? Mais le centre-ville de Rio de Janeiro n'est pas toujours romantique pourtant : il y a des mendiants partout : dans les parcs sous les jacarandas aux fleurs bleues, dans les allées étroites arrière des restaurants, aux coins des rues de villes — partout. Aussi, il y a plusieurs meurtres chaque année à Rio de Janeiro ; c'est une ville dangereuse.
Les mendiants sont sans domicile, sans abri, quelques entr'eux des prostituées, des alcooliques, adonnés aux drogues illégales, séropositifs ou atteints du SIDA. Les serveurs et les serveuses des restaurants, ceux qui dépendent des pourboires, ils ne les aiment pas bien, parce qu'ils font partir des clients, à ce qu'ils voient. Ça se peut, ils pourraient être sans domicile aussi, forcés à mendier ou à se prostituer pour survivre.
Mais la touriste est visablement émue par la détresse du monde ici. Alors, dans un parc, une mère avec bébé qui fait ses premiers pas les approchent. Elle fait dure, la mère, aux bras maigres, à la tête énorme, en ressemblant à une grand-mère qui est peut-être malade, les coins de la bouche crayeux.
Polimment, elle demande de l'argent. Puis elle dit en voix basse les mots terribles : Le SIDA.
La touriste vide sa sac à main de tout son argent pour le donner à la femme et à l'enfant. Le chauffeur de taxi fait même de son portefeuille, mais ce n'est que peu de l'argent, à cause de l'inflation à quatre milles pour cent au mois au Brésil du temps.
Ils auront faim demain ou le lendemain, la femme et son bébé. Ils auront faim jusqu'à ce qu'ils mourront du SIDA. Ils mourront dans les rues sans que personne les veuille, eux, peut-être, mis à la porte par leur famille.
A ce moment, à ce bref moment, ils sont âmes sœurs. Ils sont partenaires dans un acte de bonté, unis dans un acte de bienveillance vers deux personnes qu'ils ne reverront jamais. A ce moment, leur amour est envers deux inconnus, une femme et son enfant, aussi bien que pour un autre. Ils se sentent plus intimes, à cause de sentiment noble.
Puis la touriste donne à la femme une étreinte et donne au bébé un bec sur la joue.
Le chauffeur de taxi, il aime la touriste surtout, à cause de ce beau geste spontané.
Après de s'en aller de la femme et de l'enfant, ils se font des beaux yeux. Ils s'embrassent. Il faut le faire donc. Ils se dépêchent à un motel de lune de miel au centre-ville, où ils commencent à se foutre vite à poil, en s'embrassant en même temps.
Alors, elle est debout au milieu de la chambre, dans son bikini noir, les bras étendus comme la statue de Christ à Corcovado. Les yeux fermés, elle sourit et dit :
— Veuillez m'enlever les restants des vêtiments, monsieur...
Le chauffeur de taxi s'approche d'elle à pas de loup, elle, les yeux toujours fermés, avant d'enlever le bikini noir, qu'il laisse tomber au plancher. Mais elle n'ouvre jamais les yeux, pas une fois.
Il fait son aise avec elle. D'arrière elle, il se met à faire amour avec elle, en embrassant les épaules et le cou, en serrent doucement les seins. Elle gémit de plaisir, puis elle se retourne dans ses bras pour le toucher sur le nez, pour lui laisser un chemin de patines en haut et en bas de son torse. Il découvre qu'elle sait embrasser très bien, un amant, un enfant, ça ne fait rien. Aux genous, elle lui fait le pompier. Elle fait son aise avec lui aussi.
Le chauffeur de taxi, ça se peut, il va se souvenir toujours du petit tattouge de papillon en encre bleue, rouge et jaune en haut des poils pubiques de la femme pendant qu'il lui mange la chatte. Elle est comme uma mariposa, destinée à s'en voler comme une papillon, toujours hors de portée.
Le moment qu'il la pénètre, pourtant, elle se rend compte d'eux ne pas avoir de la protection : ils n'ont pas même une capote anglaise.
Elle se capote brèvement, puis elle se rend à lui à nouveau. C'est égal : il faut le faire.
Puis elle pousse un cris en haut vers le plafond de la chambre.
Il faut le faire...
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